La Guerre de 1870
La campagne contre le Second Empire
Le 31 juillet 1870, 3 armées allemandes (380 000 hommes) sont concentrées à l'ouest du Rhin sous le commandement du général von Moltke. Leur objectif est la destruction des armées françaises puis la prise de Paris. Elles disposent pour cela d'un soutien logistique efficace et d'une parfaite connaissance du dispositif ennemi. La planification et l'emploi du chemin de fer expliquent la rapidité de cette mise en place. 95 000 hommes restent en position pour réagir en cas d'intervention autrichienne et d'autres protègent les rivages contre d'éventuelles opérations amphibies françaises.
En face les 8 corps d'armée français (224 000 hommes) sont dispersés le long de la frontière. La mobilisation est inachevée et beaucoup d'unités n'ont pas encore complété leurs effectifs, les munitions sont également insuffisantes et mal distribuées. L'armée française n'a pour plan d'opération que le seul cri de la population française : " à Berlin ".
Ignorant la force réelle de l'ennemi, Napoléon III ordonne simplement une avance générale qui s'effectue dans le chaos en raison de l'absence de planification et du manque de cartes.
Le seul 2e corps incomplet s'empare sans difficultés de Sarrebruck (2 août 1870) puis prend contact avec l'ennemi. L'empereur décide alors de répartir ses corps d'armée en deux armées : celle d'Alsace au sud (3 corps) et celle de Lorraine (5 corps). L'une est commandée par le général MacMahon, l'autre par le maréchal Bazaine. L'un comme l'autre doivent pour cela se contenter de leur maigre état-major personnel.
En Alsace, le corps de tête de MacMahon affronte seul la 3e armée allemande (145 000 hommes) à Weissenburg (4 août) et doit retraiter après un engagement violent où les pertes s'équilibrent. Deux jours plus tard à Wörth (Fröschwiller) (6 août) MacMahon affronte un adversaire toujours trois fois supérieur en nombre au lieu de se retirer sur la barrière des Vosges. L'issue du combat ne fait aucun doute et dans la soirée l'armée allemande se dirige vers la Meuse.
Le même jour (6 août), les 1ère et 2e armées allemandes rencontrent l'armée du maréchal Bazaine. Celle-ci est toujours dispersée en trois groupes trop distants les uns des autres pour se porter mutuellement secours. Au sud de Sarrebruck, à Spicheren, le 2e corps du général Frossard tient cependant tête toute la journée aux assauts d'un ennemi plus nombreux, lui infligeant de lourdes pertes. Menacé d'encerclement et en l'absence de tout réaction de Bazaine, il se résigne pourtant au repli.
Le 12 août, Napoléon III abandonne le commandement au général Charles Cousin-Montauban. Bazaine conserve le commandement des troupes disposées dans son secteur. Elles constituent maintenant l'armée du Rhin. Pendant ce temps MacMahon regroupe le reste des forces françaises à Chalons.
Après ses premières victoires, Moltke décide d'empêcher la jonction des deux armées françaises. La rapidité de son avance menace les lignes de communication de Bazaine. Alors qu'elles franchissent la Moselle à Borny (15 août), les troupes françaises subissent une attaque des Ier et VIIe corps prussiens qui s'engagent en ordre dispersé. Bien positionnés, les Français ne cèdent pas de terrain et le 4e corps lance même une vigoureuse contre-attaque jusque tard dans la nuit mais Bazaine refuse l'opportunité qui s'offre à lui. Ce coup d'arrêt sans lendemain ne fait que retarder sans raison le repli des Français.
Bazaine reçoit l'ordre de se diriger vers Verdun où doivent se concentrer les forces françaises. Mais il préfère trouver refuge à Metz pour conserver ses forces intactes et apparaître comme le seul recours de la nation après une défaite qui lui semble désormais inévitable. Le lendemain, les deux armées s'affrontent de nouveau autour des villages de Mars-la-Tour, Vionville et Rezonville sans qu'il y ait de vainqueur. Bazaine n'a engagé qu'une partie de ses troupes dans la bataille qui voit le dernier grand engagement de cavalerie en Europe occidentale. Sous le faux prétexte d'un manque de munitions, il ordonne le jour suivant un repli vers Metz.
Or, si l'armée allemande se trouve maintenant entre l'armée du Rhin et Paris, d'autres itinéraires vers Verdun restent ouverts. Deux jours plus tard, à Gravelotte/Saint-Privat (18 août), l'état-major allemand tente une manœuvre hardie en menant une bataille à fronts renversés. De nouveau, Bazaine s'avère incapable de soutenir la magnifique résistance de son aile droite et la contre-attaque presque décisive de son aile gauche. La victoire est à portée de la main mais Bazaine est obsédé par l'idée de conserver son armée intacte à l'abri de la forteresse de Metz. Il affirme alors ne plus pouvoir rallier Verdun et se retranche autour de la ville.
Le maréchal MacDonald reçoit l'ordre se porter au secours de Bazaine, enfermé à Metz. L'empereur l'accompagne. La composition (120 000 hommes et 393 canons) et les déplacements de son armée sont malencontreusement annoncés dans la presse. MacMahon choisit alors de se diriger d'abord vers le nord pour longer la frontière. Moltke décide immédiatement d'exploiter la situation. Laissant des forces suffisantes pour maintenir le siège de Metz, il prend en tenaille l'armée de MacMahon et l'encercle dans Sedan après quelques violents engagements à Nouart (29 août), Beaumont (30 août) et Bazeilles (31 août) où MacMahon blessé doit laisser sa place au général Ducrot. L'empereur décide de se rendre et son armée fait de même.
Les autres forces impériales sont encerclées dans les places fortes de Metz, Strasbourg, Verdun et Belfort notamment. La route de Paris est ouverte. La guerre semble perdue pour la France à peine un mois après le début des hostilités.
Fantassin français à Sedan en 1870
musée de l'Empéri de Salon-de-Provence (collections du Musée de l'Armée)
photo : Empéri Multimédi@
La campagne contre la IIIe République
La défaite impériale et la menace sur la capitale provoquent une flambée de patriotisme dans tout le pays. A Paris, une insurrection populaire porte au pouvoir un gouvernement provisoire animé par Léon Gambetta et présidé par le général Louis Jules Trochu, alors gouverneur militaire de Paris. La IIIe République remplace l'empire (4 septembre 1870).
Trochu organise avec vigueur la défense de la capitale. La garnison compte rapidement 120 000 réguliers : rescapés des combats précédents, réservistes et troupes de marine (20 000). 80 000 gardes mobiles et 300 000 gardes nationales complètent ce dispositif impressionnant sur le plan numérique mais d'une valeur militaire discutable. 400 000 fusils et 2 000 pièces d'artillerie d'inégale qualité sont distribués à ces hommes. La place est couverte par une impressionnante double ceinture de fortifications.
En face, Moltke dispose de seulement 150 000 hommes. Il opte donc pour un siège plutôt que pour un assaut meurtrier. Il s'agit d'attendre l'arrivée des troupes et des pièces d'artillerie de siège immobilisées dans les sièges de Metz, de Strasbourg, de Verdun et de Belfort notamment. Par ailleurs, ses lignes de communications restent harcelées par les francs-tireurs.
La situation s'équilibre alors, car, contre toute attente, les défaites ont stimulé la volonté de résistance française. Dans le nord du pays et dans la vallée de la Loire les forces françaises se reconstituent. Le nationaliste italien Giuseppe Garibaldi se rallie à la cause de la république française avec plusieurs milliers de volontaires.
Gambetta réussit à quitter Paris en ballon et gagne Tours (11 novembre 1870). Cet exploit galvanise les Français qui en font un symbole. Gambetta nomme Louis Jean-Baptiste d'Aurelle de Paladines au commandement de l'armée de la Loire et le presse de marcher sur Paris car Bazaine vient de se rendre à Metz (27 octobre). Les troupes et l'artillerie de siège entourant la place sont donc désormais disponibles. Aurelle remporte la bataille de Coulmiers (9 novembre) et reprend Orléans. Mais il ne fait aucun effort pour exploiter son avantage.
L'armée du nord du général Faidherbe tente de dégager Paris mais échoue à Villers-Bretonneux (27 novembre). Renforcée par les combattants échappés des combats de Metz et de Sedan et bien équipée, elle manque cependant encore d'effectifs pour dégager la capitale. Elle va néanmoins réussir à protéger le nord du pays de l'occupation.
Sur la Loire, la IIe armée allemande, en provenance de Metz, s'empare de nouveau d'Orléans après deux jours de violents combats (2-4 décembre). Le général Chanzy prend alors le commandement et regroupe brillamment les forces françaises vers Le Mans. Trois de ses corps lui sont alors retiré pour renforcer l'armée de l'est. Son offensive est repoussée au Mans (10-12 janvier 1871) mais malgré son infériorité numérique, il contient les Allemands sur la Loire.
L'armée de l'est commandée par le général Bourbaki et Garibaldi s'efforce de lever le siège de Belfort. Malgré une nette supériorité numérique (150 000 hommes contre 60 000) les Français sont repoussés avec de lourdes pertes. Le général Clinchant remplace Bourbaki mais se trouve pris en tenaille avec l'arrivée d'une armée de renfort allemande. Acculée à la frontière suisse, l'armée de l'est se fait interner à Pontarlier. Commandée par le colonel Denfert-Rochereau, Belfort résiste néanmoins jusqu'à la fin des hostilités.
L'échec des armées de secours et des tentatives de percées scelle le sort de Paris, bombardée depuis le 5 janvier. Le général Trochu signe un armistice le 26 janvier et capitule deux jours plus tard à Versailles. La garnison rend les armes sauf les gardes nationaux, assimilés par les vainqueurs à des forces de police. Ceux-ci tentent alors de s'emparer du pouvoir. Les Allemands autorise le réarment d'une partie des troupes françaises. Après 10 jours d'émeute, il faudra une semaine de combats meurtriers pour écraser la Commune (21-28 mai).
Fusillier marin lors du siège de Paris
musée de l'Empéri de Salon-de-Provence (collections du Musée de l'Armée)
photo : Empéri Multimédi@
Source : http://www.net4war.com/history4war/batailles/empire2/spicheren.htm